On va attendre encore un peu avant de parler de ré-industrialisation en France grâce à Stellantis/PSA et la révolution électrique...
Pour l'instant, on a aussi un discours assez ambivalent, entre le virage sur l'électrique qui me semble arriver un peu tard par rapport à certains concurrents qui ont investi massivement depuis plusieurs années, et une réalité industrielle moins réjouissante où il n'y a plus de Citroen produite en France (à part le C5 Aircross à Rennes), où tout le segment B est désormais délocalisé en Espagne et en Europe centrale et où il ne reste guère que les modèles des segments C et D de Peugeot en France...Pour combien de temps ?
La fin annoncée des motorisations diesel tout comme la délocalisation des prochains moteurs EP 6 en Hongrie entrainent aussi des pertes de savoir-faire pour la France.
Même les centres de R&D français ne sont pas épargnés par la concurrence européenne des équipes d'Opel et de FCA et par la montée en puissance du centre de R&D au Maroc qui pourrait aussi récupérer l'ingénierie des motorisations thermiques...
Les compétences perdues seront-elles compensées par les emplois générés par la révolution électrique ? Il faudrait démontrer préalablement que les acteurs français vont refaire leur retard sur les opérateurs asiatiques qui continuent de progresser, d'acquérir de l'expérience et de bénéficier de moyens financiers considérables...
Depuis plusieurs années, politiques, économistes et grands patrons reprennent en coeur le même crédo que l'avenir industriel français passe par des produits plus haut de gamme, le développement des centres de R&D, et dans le même temps PSA décide de produire en Chine ses deux derniers modèles haut de gamme DS9 et C5X...
Honnêtement, c'était vraiment impossible d'industrialiser ces 2 modèles en France ?
En réalité, les déclarations de V. COBEE, actuel DG de Citroën, sont lourdes de sens : la Chine protège son marché intérieur en compliquant l'importation de véhicules produits à l'étranger (normes, droits de douane), alors que la réciproque n'est pas vraie pour les véhicules produits en Chine et exportés vers l'Europe.
Et les chinois sont désormais capables de produire tous types de véhicules : haut de gamme, mainstream et entrée de gamme avec un haut niveau de qualité. Dès lors, les arbitrages entre zones de production pourraient réserver encore de mauvaises surprises à l'avenir...
Tant que l'Europe continuera de pérenniser des relations économiques asymétriques avec la Chine mais aussi avec le Japon et la Corée du Sud (cf : dernier accord de libre échange avec ces deux pays), le rétablissement industriel en France et en Europe reste très hypothétique.