Pour la petite histoire, Carlos Tavares a "piqué une crise" lors d'une réunion d'analyse des résultats commerciaux avec une bonne partie des cadres commerciaux France et Europe. Il a eu des mots très durs en évoquant une véritable "humiliation" pour le groupe pour l'année 2022.
Visiblement l'apôtre des marges au détriment des volumes a dû s'apercevoir que l'on commençait à toucher le fond et que le groupe était engagé dans une pente savonneuse.
Il a également insisté sur le fait que la crise des semi-conducteurs et les problèmes logistiques ne pouvaient pas tout expliquer dans cette chute continue des volumes : je rappelle qu'en Europe, la marque Peugeot, qui était n°2 en 2021, a glissé à la 5ème place, tandis que les autres marques de Stellantis sont toutes au-delà de la 10ème place. Pendant ce temps là, Toyota continue sa progression tout comme les coréens et les prémiums allemands sont également en pleine forme...Et le différentiel s'accroit toujours régulièrement avec VW Group...
Ceux qui suivent l'actualité du groupe ont vu que certaines têtes étaient tombées en début d'année. Tout cela s'inscrit dans la réaction du staff qui vient de découvrir (avec une mauvaise foi certaine) la "crise des volumes".
Une décision qui semble davantage symbolique, car c'est tout un système mis en place depuis plusieurs années qu'il faudrait réformer pour tenter de reprendre le chemin de la croissance.
Les "têtes coupées" sont assez révélatrices du malaise interne au groupe : on compte notamment Vincent Cobée, l'ex patron de Citroen et Guillaume Couzy, ex directeur de Stellantis France.
Vincent Cobée est un ex-Renault de la grande période Ghosn, que C Tavares est allé débaucher chez Nissan. V Cobée était alors en charge du pôle "low cost" du constructeur japonais et avait la mission d'imposer Datsun comme "marque entry", notamment en Inde et dans les pays du Sud-Est asiatique ; mission qui s'est soldé par un échec complet. Un tel profil a dû être jugé "idéal" en haut lieu pour continuer l'oeuvre de déconstruction de Citroën, déjà bien engagée par Linda Jackson auparavant. Celle-ci est devenue patronne de Peugeot et la marque profite de son "savoir-faire" en matière de perte de parts de marché.
Quant à Guillaume Couzy, il menait depuis plusieurs mois des négociations difficiles avec le réseau commercial du groupe, afin d'imposer le passage du statut de concessionnaire à celui d'agent commissionnaire, de justifier la contraction du nombre d'acteurs par le développement d'un réseau multi-marques et de convaincre tout le monde que Stellantis devait s'inspirer de Tesla en valorisant les ventes par internet. Tout cela dans un contexte où la majeure partie des marques du groupe ont connu un recul important des volumes en France comme en Europe, avec les conséquences que l'on peut imaginer pour la situation financière de ces indépendants...
Une décision tout à fait comparable dans ses effets délétères à celle ayant consisté à cesser toutes relations avec le partenaire historique de PSA en matière de logistique : Gefco. A noter que le ridicule ne tue pas : Stellantis annonce développer désormais sa société interne de logistique dénommée "I Fast"
et y concentrer des moyens importants. 10 ans après la décision de se séparer de Gefco, nous voilà revenu au point de départ. Une réussite à n'en pas douter.