Saab : 50 % des Suédois sont contre un sauvetage du constructeur !
Selon un récent sondage de l'institut de la consommation SIFO, seulement un tiers des Suédois cautionnent le sauvetage de Saab par l'Etat, la moitié étant contre, et 17 % indécis. Cette étude fait l'effet d'un coup de tonnerre en Suède. Au point de conforter le gouvernement dans son idée de ne pas venir en aide à un constructeur pourtant mythique.
Il est vrai que la Suède garde en mémoire les efforts déployés, en vain, pour tenter de sauver son industrie navale dans les années 70. Pour autant, cela n'explique pas tout. Depuis sa reprise par le géant américain General Motors en 2000, les Suédois se sont de plus en plus détachés de ce fleuron national de l'automobile au passé d'avionneur.
La faute sans doute à des choix stylistiques hasardeux ainsi qu'à des positionnements marketing impertinents. Le Saab 900 cabriolet des années 80, avec son style si original, est devenu une icône dans l'histoire du design automobile. Les yuppies du monde entier en avait fait un signe de reconnaissance, gage de bonnes ventes. On ne peut pas en dire autant de l'actuel 9-3 cabriolet à la ligne plutôt pataude. Sans réelle nouveauté depuis près de cinq ans, la gamme est plus que vieillissante. La marque aura-t-elle encore pignon sur rue au moment de lancer — enfin — la deuxième génération de sa routière 9-5, sortie en 1998 ?
Sans doute, les Suédois ne pardonnent-ils pas non plus au propriétaire américain d'avoir fabriqué et commercialisé aux Etats-Unis deux bides commerciaux : les 9-2X et 9-7X. Nul n'était dupe de ces clones sans saveur des Subaru Impreza Hatchback et Chevrolet TrailBlazer. Pas de quoi honorer le passé créatif de la marque ni le Griffon, symbole de la maison scandinave !
Rappelons que Saab, deuxième constructeur national derrière Volvo, représente pas moins de 15 000 emplois en Suède, fournisseurs compris. Aujourd'hui, le manufacturier de Trollhättan est en redressement judiciaire dans l'attente d'un hypothétique repreneur. Il a aussi annoncé la suppression de 18 % de son effectif."Le problème est que GM a fixé une date de cession pour Saab (ndlr : début Avril), sans se demander qui allait prendre la relève", a déclaré, lundi, le premier ministre Fredrik Reinfeldt.
La ministre de l'industrie, Maud Olofsson, lui a emboité le pas en demandant au géant américain de présenter une nouvelle stratégie, insistant sur le fait que les contribuables suédois ne sont pas chargés de sauver Saab. "Il serait risqué de reprendre un constructeur alors que le plus grand constructeur mondial n'a pas envie d'investir dedans", a-t-elle affirmé.
L'éventualité d'une disparition pure et simple de Saab a tout de même provoqué une vague de réaction. Ainsi, pour les syndicats et l'opposition sociale- démocrate, la démarche du gouvernement est irresponsable. "Saab a besoin d'un nouveau départ. Si le gouvernement et GM choisissent d'abandonner Saab, les salariés de l'automobile se sentiront floués", déclare le responsable des métallurgistes, Stefan Lofven. Un scenario qui n'est pas sans rappeler les inquiétudes des citoyens américains face à l'avenir incertain de leur industrie automobile.
Source Turbo.fr