Le dieu Ari

Max

Lion d'Argent
27 Décembre 2002
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excellent article dans Auto Hebdo sur le grand et formidable Ari :

Ari Vatanen
MONSIEUR LE DEPUTE

Avec difficulté, le grand blond extrait sa longue carcasse de l’habitacle de la 206 WRC grise. Avec lenteur, il tente quelques vains exercices d’assouplissement. “Je suis rouillé, usé, abusé”, déclare Vatanen, qui ne rate jamais une occasion de prouver ses progrès en langue française. Ne possède-t-il pas une ferme dans les Alpes de Haute Provence ? “On y cultive du blé, mais j’y ai aussi mes propres vignobles.” Il est loin, l’homme qui, il y a vingt ans, à chacune de ses victoires brandissait sur le podium un verre de lait. En championnat du monde des rallyes, son dernier succès date de février 1985. Depuis, Ari a accumulé les succès en rallye-raid, puis il s’est reconverti dans la politique en étant élu représentant de la Finlande au Parlement Européen. Huit ans après sa dernière apparition, le champion du monde 1981 revient au rallye, au volant d’une Peugeot bien sûr, la marque de ses plus grands succès. Vatanen n’est pas qu’un grand pilote. C’est une vedette. La veille du départ, lors de la traditionnelle conférence de presse du constructeur français, il accorde des interviews pendant bien plus longtemps que Grönholm et Rovänpera, ses compatriotes et actuels pilotes officiels 206 WRC. “Je suis nationaliste. Je veux terminer à la deuxième place, derrière Marcus et devant Richard, plaisante-t-il. S’il le faut, je freinerai le dimanche, pour que Grönholm gagne.” Ari est coquet et se regarde agir avec ironie. Pendant la course, dès que s’approche un photographe, il enlève ses lunettes qu’il utilise pour conduire. “Avant, pour être compétitif, il fallait choisir les bonnes gommes, les bons amortisseurs. Maintenant, il me faut avant tout porter les bons verres.” Pendant trois jours, la bonne humeur ne quitte pas le bonhomme. Dès le départ, ses chronos sont respectables, ce qui lui permet de pratiquer à bon escient le deuxième degré : “Je garde le pied au plancher, mais, parfois, je n’appuie pas sur la bonne pédale, sourit-il. Dans Ouninpohja, j’ai conduit comme l’aurait fait ma grand-mère. Puis j’ai regardé mon temps et je me suis dit que ma grand-mère conduisait drôlement vite...

Humour !!!

Comme tous les anciens champions, Vatanen a son ego. Il peut parfois se montrer dur, pour ne pas dire vexant. Au beau milieu de la deuxième étape, désignant dédaigneusement du menton la Ford Focus RS WRC 02 qui s’élance derrière lui, il lance : “Je sais comment je conduisais et comment je conduis maintenant. Tout ce qui, aujourd’hui, se montre plus lent que moi ne peut pas être considéré comme un espoir.
La dureté – sinon l’injustice – de la déclaration est compensée par le fait qu’elle se limite à un court auditoire composé de quelques amis du bon vieux temps qu’il convient avant tout de faire rire. Ari est nettement plus émouvant quand il oublie le sarcasme : “Me demander quelle est la raison profonde de ma présence ici, dans l’habitacle d’une auto de course, revient à me demander quelle est ma raison profonde de vivre.” Voilà qui laisse sans voix, de la part d’un homme qui, à plusieurs reprises, est passé à deux doigts de la mort à la suite de son accident du rallye d’Argentine 1985. “Je sais que je ferais mieux de ne pas prendre de risques, mais rien n’a changé en moi : dès que j’enfile mon casque, il m’est difficile de rester sage. C’est comme en politique : je n’aime pas trop les tactiques.”
En juin 2004, auprès des électeurs finlandais, Vatanen sollicitera le renouvellement de son mandat au Parlement Européen, au sein duquel il fait partie du groupe conservateur. Il croit en ses chances d’être réélu. “Ce qui me plaît le plus, dans ma présence ici, ce sont les réactions des gens qui m’attendent sur le pas de leur porte, tout au long des tronçons de liaison. Il me font de grands signes, quand ils ne sautent pas de joie à mon arrivée. Cela fait chaud au cœur.”
A 51 ans, Ari n’a pas raté son retour, flirtant jusqu’à l’arrivée avec une place parmi les dix premiers.

Auto Hebdo du 13 août 2003

Avec une WRC 03, il ferait des malheurs !!