Pourquoi les marchés aiment François Hollande.
Le nouveau président de la République, qui disait voilà quelques mois avoir la "finance pour ennemie" n'est pas détesté des marchés. A preuve, les taux d'intérêt à long terme sont plus faibles qu'en début d'année. Ils traduisent surtout une inquiétude très faible sur la capacité de l'État français à rembourser ses dettes
Contrairement aux craintes évoquées début avril, les marchés financiers n'ont pas cherché à sanctionner, d'une quelconque manière que ce soit, l'arrivée de François Hollande au pouvoir, lui qui avait pourtant déclaré fin janvier avoir « la finance pour ennemie ». Un indicateur le prouve : les taux d'intérêt à 10 ans, déterminés par le marché obligataire. Proches de 2,6%, ils sont aujourd'hui plus bas qu'au début de l'année. Ils atteignaient 3,3% début janvier et 2,9% le 23 avril, au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle. Historiquement, ces taux sont d'ailleurs très faibles. Bien sûr, ils sont encore plus bas en Allemagne, à 1,35%, un niveau de bulle obligataire.... Mais on a oublié un peu vite qu'avant l'arrivée de l'euro, ils se situaient en France autour de 9 à 10%. Et qu'ensuite, un rendement proche de 4% était jugé normal. Cette réalité financière tranche avec les discours alarmistes sur la France, qui serait la prochaine victime des marchés...
Observer la courbe des taux
Alors, que pensent-ils vraiment ces « marchés » ? « En fait, ils n'ont jamais anticipé de tensions liées à l'arrivée de François Hollande à la tête de l'Etat » estime l'économiste Jacques Delpla, qui fut conseiller de Nicolas Sarkozy à Bercy, et membre de la commission Attali sur la croissance. «Il suffisait de suivre la courbe des taux pour s'en convaincre ». D'où vient cette mansuétude à l'égard d'un dirigeant socialiste qui refuse l'idée d'une cure d'austérité et déclare vouloir faire la guerre à la finance ? « Les marchés savent que la gauche ne fera pas n'importe quoi » juge Jacques Delpla.
Pourquoi ont-ils plus confiance en l'économie française, dont l'endettement public se rapproche des 90% du PIB, seuil à parti duquel tous les indicateurs passent au rouge (croissance affaiblie, politique économique inopérante) selon les économistes Rheinart et Rogoff , qu'en l'Espagne ou l'Italie ? De fait, les taux d'intérêt à long terme sont beaucoup plus élevés dans ces deux pays, dépassant les 6%, ce qui traduit une certaine défiance...
Peu de doute sur un remboursement de la dette
« Il y a trois facteurs qui comptent, aux yeux des marchés » explique Jacques Delpla. « D'abord, l'inflation » qui menace le rendement des titres obligatoires. « Or, on ne prévoit pas de résurgence de l'inflation, en France ». Deuxième facteur : la croissance. Celle-ci restera proche de zéro en France, estime Delpla, mais le risque est faible d'une spirale récessive, sous l'effet d'une politique trop restrictive. Une spirale qui conduirait à la remise en cause de ce qui est bien sûr le plus important, aux yeux des marchés, la capacité à rembourser la dette, in fine . « Le marché ne doute pas que la dette publique française sera remboursée» souligne Jacques Delpla.[/i]
Source : La Tribune. : http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20120522trib000699773/pourquoi-les-marches-aiment-francois-hollande.html