Sombre thriller en Argentine pour Yann Arthus-Bertrand. Le photographe a été arrêté mercredi dernier à l’aéroport de Posadas, dans le nord-est argentin, à l’issue d’un tournage sur les problèmes que pose un barrage hydroélectrique contesté.
De sa chambre d’hôtel où il est bloqué depuis cinq jours, Yann Arthus-Bertrand donne sa version de l'affaire à 20minutes.fr: «Avec mon équipe de 10 personnes, nous faisions un reportage pour l’émission “Vu du ciel” sur les problématiques autour des grands fleuves dans le monde. Nous voulions illustrer cela par le barrage hydroélectrique de Yacyreta pour lequel il y a de vrais problèmes de corruption. Les villageois de El Brete, qui refusent de quitter leur maison alors que l’eau doit monter de cinq mètres, nous ont parlé face caméra de pressions très violentes pour qu’ils quittent les lieux.»
28.000 euros de frais de transport et d’hébergement
C’est à l’issue de ces interviews que l’équipe de Yann Arthus-Bertrand a été interpellée à l’aéroport de Posadas. En cause, une plainte de l’agence de voyage organisatrice, qui estime que la note de 28.000 euros ne lui a pas été réglé. «En vingt ans de travail, il ne m'est jamais rien arrivé de tel», a expliqué Patricia Duran Vaca, directrice de l'agence de voyage, au micro de l'agence de presse espagnole EFE.
Yanne Arthus-Bertrand dément formellement et explique qu’un versement bancaire a été effectué. Pour le photographe, les motifs de son arrestation sont plus politiques: «Pour les ONG locales qui se battent aux côtés des expulsés du barrage, il n'y a aucun doute, les autorités veulent faire pression sur nous en stoppant le tournage et nous interdire de parler de ce scandale du barrage.» Après avoir payé une caution, les membres de l’équipe ont été libérés, mais sont bloqués dans leur hôtel.
Un retour en France dans les prochains jours?
Joint par 20minutes.fr, Patrick Patelin, l’avocat dépêché par l’ambassade de France dit avoir déposé une requête pour annuler l’interdiction de sortie de territoire qui frappe les onze membres de l’équipe: «La plainte de l’agence de voyage se heurte à plusieurs problèmes juridiques: les faits qui sont de nature commerciale ont été bizarrement requalifiés en plainte au pénal; d’autre part, il est illogique que les onze personnes d’une équipe soient inculpées en même temps.» L’avocat va demander à la justice argentine de ne poursuivre que le responsable de production afin que Yann Arthus-Bertrand et les neuf autres membres de l’équipe puissent revenir au plus vite en France.
Mais les soucis du photographe ne s’arrêtent pas là. Un garde-forestier et un chef d’ethnie guaranie, tous deux interviewés dans le reportage, ont eux aussi déposé une plainte pour escroquerie. Yann Arthus-Bertrand s’insurge: «Ce sont des gens qui ont été très sympas avec nous. Je ne vois pas pourquoi aujourd’hui ils portent plainte.» Pour l’instant, ces deux nouvelles plaintes n’ont pas abouti judiciairement.
Vincent Glad
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