Source 60M de consommateurs.
Commerce/distribution - 30 janvier 2009
Problèmes de carburant à répétition
Depuis quelques semaines, les pannes de véhicules liées à une mauvaise qualité du carburant se multiplient un peu partout en France. Eau dans la cuve, mauvais mélange, impuretés… Les stations-service des grandes surfaces sont les principales visées. Certains automobilistes ont entamé des procédures d’expertise.
Le 19 janvier dernier, Isabelle prend du super sans plomb 95 à la station-service d’Auchan à Nogent-sur-Oise. À peine un kilomètre plus loin, sa Renault 5 tombe en panne. Comble de malchance, sa mère, venue à sa rescousse, est à son tour victime d’une panne de voiture : elle aussi avait fait le plein à la station. Pas de doute possible pour leur garagiste : ces dysfonctionnements sont dus à la présence d’eau dans l’essence.
Eau détectée dans une cuve à Nogent-sur-Oise
Isabelle et sa mère ne sont pas les seules concernées. Au total, dix-sept automobilistes se sont manifestés auprès d’Auchan. L’hypermarché reconnaît le problème : de l’eau a bien été détectée dans l’une des cuves de la station-service. Des analyses sont en cours pour savoir d’où elle provient. Parmi les hypothèses évoquées, la rupture de l’un des tuyaux d’alimentation dans le sol par lequel l’eau se serait infiltrée.
Les victimes ont été pour la plupart indemnisées de leur préjudice. Mais pas Isabelle, Auchan estimant le devis de réparation (environ 1400 €) trop élevé. Une expertise des assurances est prévue. En attendant, la voiture d’Isabelle reste immobilisée.
Mauvais mélange dans le Nord
Un cas isolé ? Pas si sûr. Depuis quelques semaines, les exemples de pannes liées à un carburant de mauvaise qualité se multiplient un peu partout en France. Ainsi, en octobre 2008, une centaine d’automobilistes du Nord étaient victimes d’un mauvais mélange. Petrovex, le fournisseur pétrolier des magasins Auchan, avait admis une dose trop importante de biocarburant dans le gazole. Les magasins Auchan et Cora avaient alors mis en place des procédures d’indemnisation.
Mais les problèmes semblent continuer. Toujours dans le Nord, Ludovic fait le plein de gazole début janvier à Englos, dans une station-service Auchan. Vingt kilomètres plus loin, la voiture n’accélère plus. Son garagiste constate des impuretés dans le carburant. Auchan reste muet sur les causes du problème, mais l’enseigne a tout de même remboursé à Ludovic les 216 € de frais de réparation et de gazole. Quatorze autres clients auraient subi les mêmes désagréments.
Recrudescence de carburants « pourris » en Gironde
Et l’épidémie ne se limite pas au Nord. En Gironde, un lecteur nous fait part des problèmes qu’il a rencontrés suite à son passage à la station du centre Leclerc de Sainte-Eulalie, le 19 janvier. Réponse de E.Leclerc : «Cette réclamation a été identifiée par la Siplec [société d’importation pétrolière de Leclerc]. Elle a déclenché une analyse le 22 janvier du produit issu des cuves du magasin en question. Les résultats de ces analyses font apparaître que le produit est conforme aux normes en vigueur. Des analyses systématiques sont réalisées lors des livraisons au dépôt pétrolier, où là non plus, il n'y a pas eu d'identification de problème particulier», explique l’enseigne.
Pourtant, le responsable de vente d’un garage Renault de la région confirme : «Depuis deux mois, il y a une recrudescence des carburants “pourris”. Soit on retrouve des traces d’eau, soit on constate des dépôts. Ces problèmes peuvent être liés à des cuves mal nettoyées.»
Voiture immobilisée en attendant une expertise
Notre consommateur ne compte pas se laisser faire. Les réparations pourraient lui coûter jusqu’à 1500 €. Il a engagé une procédure et attend l’expertise de son véhicule. Deux autres Girondins, tous les deux propriétaires d’un Renault Scénic, ont également réclamé une expertise. Le premier s’était servi dans une station Super U à Galgon, le second dans une station Leclerc à Coutras. Dans les deux cas, un dépôt blanchâtre ressemblant à de la paraffine a été observé dans le carburant.
Après que leur histoire a été relayée dans le quotidien régional «Sud-Ouest» à la fin du mois de décembre, ils ont reçu chacun plus de 25 témoignages d’automobilistes confrontés aux mêmes difficultés. La plupart ont fait réparer leur véhicule, renonçant à toute procédure qui aurait nécessité une expertise et surtout, l’immobilisation de leur véhicule pendant plusieurs semaines.
Ainsi, les causes de ces pannes restent pour l’heure inexpliquées. Additif dans le carburant ? Mauvais mélange ? Fond de cuves mal nettoyées ? Carburant altéré à cause du grand froid ? Affaire à suivre…