On (re)parle de ces négociations PSA/PROTON depuis le mois de mai dernier.
C'est effectivement une opportunité pour PSA Groupe, mais le défi s'annonce de taille pour plusieurs raisons :
1/ PROTON est en chute libre sur son marché domestique, avec 102.000 véhicules vendus en 2015, sur un marché représentant entre 600 et 700.000 ventes annuelles. Pour l'année 2016, le marché malaisien devrait représenter 580.000 unités. La rentabilité de PROTON est également faible voire inexistante.
Un gros travail sur le réseau commercial et le SAV semble inévitable, avec une réorganisation et un redéploiement pour assurer une croissance plus saine.
2/ PROTON est une "coquille-vide" en matière de contenu technologique et de gammes de voitures. Un gros travail sera à fournir pour positionner cette marque sur les marchés des pays de l'ASEAN, notamment vis à vis de FENGSHEN, la marque commune à DPCA et DFM en Chine, qui a vocation à s'internationaliser dans les années à venir...La gamme de modèles du constructeur malaisien devra donc être rationalisée et modernisée pour retrouver le chemin de la croissance des ventes. La plateforme CMP de PSA Groupe pourrait trouver un nouveau champ de développement.
3/ Son actionnariat actuel et ses dirigeants, d'origine publique et bureaucratique, n'a pas démontré ces dernières années une grande compréhension des enjeux du monde auto. Il faut espérer pour PSA que cet actionnariat ne restera pas fermé à une prise de participation significative dans le capital et au contrôle opérationnel de l'entreprise malaisienne : c'est à cette condition que seront accessibles le savoir-faire d'un constructeur mondial voire des transferts de technologie.
4/ PSA dispose d'un partenariat en Malaisie avec NAZA Group, qui semble bien fonctionner mais avec des volumes produits faibles. Actuellement, la 408 II est assemblée en CKD en Malaisie depuis Wuhan. Une alliance avec PROTON est susceptible de remettre en cause ce partenariat
Pour PSA, il y a aussi des objectifs intéressants :
1/ PROTON dispose de 2 usines en Malaisie d'une capacité théorique de 400.000 véhicules par an. Ces capacités industrielles sont sans commune mesure avec celles développées avec NAZA Groupe et avec Thaco au VIETNAM. Il faudra évaluer la qualité de ces 2 usines et leur "compétitivité"...
Par ailleurs, PSA et DFM ont annoncé l'implantation d'une usine en ASEAN d'ici 2018, sans doute en INDONESIE ou en THAILANDE, les deux principaux pays producteurs d'autos dans la zone.
PSA devra veiller à ne pas souffrir de surcapacités de production sur une zone qui reste en devenir.
2/ La possibilité d'acquérir la marque LOTUS pourrait ouvrir de nouvelles perspectives à PSA.
C TAVARES, féru de sport auto, pourrait relancer cette marque de voitures de sport, et compléter quasi idéalement l'éventail des marques du groupe. Cela permettrait aussi de générer de nouvelles opportunités en motorisations et chassis pour le groupe (on peut imaginer un RCZ II partageant sa techno avec un modèle LOTUS).
L'amélioration de la situation financière de PSA lui permet d'envisager avec plus de sérénité certaines opportunités : c'est le message avancé par la Direction depuis plusieurs mois.
Et les autres candidats ne sont peut-être pas aussi bien placés pour un rapprochement :
- SUZUKI est confronté au scandale de la "fraude aux consommations" qui entraine pas mal de remise en question au JAPON ;
- l'Alliance RENAULT-NISSAN est également face à deux dossiers délicats: d'une part la prise de contrôle de Mitsubishi par Nissan, avec une appréciation délicate des conséquences financières et commerciales de comportements frauduleux sur 25 ans ; d'autre part, la recapitalisation couteuse du constructeur russe AVTOVAZ par Renault à la suite des difficultés sur le marché russe.