"TF1 est en train de donner des gages à Nicolas Sarkozy"
Pourquoi la direction de TF1 a-t-elle décidé de remplacer PPDA par Laurence Ferrari ?
- Il s'agit d'abord et avant tout d'une décision politique. Depuis son opposition à la nomination de Nicolas Beytout à la tête de TF1, PPDA n'était plus en odeur de sainteté dans la Sarkozie. En effet, il avait été très actif pour empêcher l'arrivée de ce proche de Nicolas Sarkozy, après celle de Laurent Solly au lendemain de son élection.
Par ailleurs, PPDA agaçait le château et plus directement Nicolas Sarkozy dans les interviews. C'est par exemple le seul, lors de la dernière interview du chef de l'Etat (le 24 avril dernier, ndlr) à avoir abordé de manière frontale la question de la vie privée de Nicolas Sarkozy. On se souvient également d'une interview après le G8, en juin 2007, où PPDA avait dit qu'il trouvait Nicolas Sarkozy "excité comme un petit garçon qui est en train de rentrer dans la cours des grands".
En fait, le problème de PPDA, c'est de ne pas être étiqueté Sarkozy.
PPDA présente le JT depuis 20 ans. Ne s'agit-il pas d'une volonté de la première chaîne de rajeunir son équipe ?
- Il est vrai que le remplacement de PPDA par Laurence Ferrari entre dans le cadre d'une stratégie de "démougeottisation" de la première chaîne. Et PPDA était de la génération mise en place au temps d'Etienne Mougeotte.
Ce qui est paradoxal, c'est que d'un côté, TF1 explique qu'elle veut rajeunir son équipe, et d'un autre, la première chaîne pourrait nommer Jean-Claude Dassier, qui a 68 ans, à la tête de l'information. Or on sait que l'ancien patron de LCI est proche de Nicolas Sarkozy.
S'agit-il, selon vous, d'une nomination politique ?
- Certains prétendent que la proximité supposée de Laurence Ferrari et du chef de l'Etat a joué un rôle dans cette affaire. En même temps, personne ne met en doute ses grandes compétences professionnelles. Il semblerait que la direction de TF1 soit tout de même en train de donner des gages à Nicolas Sarkozy.
Le contexte actuel, avec la commission Copé, les annonces sur la non-augmentation de la redevance audiovisuelle, la suppression de la publicité sur le service public ou encore les discussions autour du rachat, par TF1, de petites chaînes de la TNT coupables d'assécher les rentrées publicitaires de la chaîne de Martin Bouygues, a, qu'on le veuille ou non, une connotation politique.
Quoiqu'il en soit, il s'agit de la plus belle sortie dont PPDA pouvait rêver. Il quitte TF1 en affichant son indépendance politique.