L'heure de vérité a pourtant sonné, le 6 mai, pour ce natif de Neuilly-sur-Seine, élu député pour la première fois en 1986 en Haute-Savoie, avant d'émigrer vers son fief sarcellois. Car entre «Strauss» et «Ségo», une décision va devoir tomber. Les législatives accoucheront d'un PS plus ou moins fort. Qu'il faudra de toute façon rénover pour espérer battre demain Sarkozy et les siens. Lui s'est mis sur les rangs. Elle n'a pas démérité dans les urnes. «Soit ils parviennent à s'entendre vite sur ce fameux «ticket» toujours souhaité, jamais réalisé, pronostique un journaliste. Soit c'est la guerre froide.»
Or ce «ticket» est un cauchemar pour DSK. Lui, le fort en thèmes macho, n'a jamais supporté la légèreté revendiquée, le provincialisme affiché et les réparties de celle dont il aime dire, à propos de son expérience gouvernementale, qu'elle «exerçait des fonctions subalternes, dans de petits ministères».
Lui, l'homme de l'ombre entouré d'ex-trotskystes et obligé de se démettre du Ministère des finances en 1999 pour son implication dans une affaire d'emplois fictifs, déteste le côté «Jeanne d'Arc» d'une Ségolène dont l'entourage le traite presque en coulisses de «ripoux». L'une et l'autre ne s'aiment pas, et leur déjeuner de réconciliation, le 25 avril, n'a qu'à moitié fonctionné. Il a payé l'addition mais n'a pas aimé la publicité donnée à leurs agapes. Elle est restée convaincue qu'ils ne sont pas du même monde.
Ambiance: «Croyez-moi, s'il s'était présenté face à Sarkozy, ses casseroles politico-financières seraient de suite remontées à la surface», se réjouissait à Lille un membre de l'équipe Royal. Allusion au DSK consultant, plus que grassement payé par ses clients EDF, Alcatel ou Lafarge. Allusion aussi au train de vie du couple qu'il forme avec la journaliste Anne Sinclair: appartement huppé à Paris, résidence à Marrakech, Jaguar...