Hier, un député UMP a fait adopter par la commission des Lois de l'Assemblée nationale un amendement pour rouler à 150 km/h sur les autoroutes à trois voies. Une proposition en contradiction avec les discours officiels de réduction de la vitesse. Peut on espérer que cette loi soit appliquée ?
ALORS que le gouvernement se mobilise autour de la sécurité routière, un député UMP sème la zizanie et propose d'augmenter les vitesses maximales autorisées sur autoroutes ! Christian Estrosi, député UMP des Alpes-Maritimes, veut autoriser les automobilistes et motards à rouler jusqu'à 150 km/h sur les autoroutes à trois voies, contre 130 aujourd'hui, et à 130 km/h contre 110 en cas de pluie ! Le plus étonnant c'est que le député a réussi à faire adopter hier, en catimini, par la commission des Lois, un amendement dans ce sens au projet de loi Robien de lutte contre la violence routière. « Cette disposition a surpris tout le monde », explique à notre journal Richard Dell'Agnola, rapporteur de la commission, lui aussi UMP. « Cette proposition est un très mauvais signal à donner aux Français alors que le nombre de morts sur les routes commence à baisser. Je pense que le passé de pilote de Christian Estrosi lui a fait perdre le sens des réalités. » Champion de France en 1977 dans la catégorie 750 cm cubes, Christian Estrosi connaît en effet la vitesse... sur circuit. Pour justifier son amendement, il met en avant les expériences américaines et italiennes. Certains Etats américains ont autorisé une légère augmentation de la vitesse sur certaines portions d'autoroutes à péage. L'Italie autorise depuis la fin 2002 une vitesse maximale de 150 km/h sur certaines portions d'autoroute.
Examen de santé La disposition de Christian Estrosi risque d'être fortement attaquée par les autres parlementaires au moment de passer lors de l'examen du texte en première lecture à l'Assemblée le 19 mars. Comme un autre amendement qui veut instaurer un examen de santé tous les dix ans pour les conducteurs. « Pour de nombreuses activités de loisirs, la délivrance d'un certificat médical est obligatoire », justifie Christian Estrosi. Parmi les autres modifications qui pourraient, elles, être adoptées par les parlementaires figure un texte créant un nouveau délit sanctionnant de deux ans de prison et 30 000 € d'amende un conducteur qui a provoqué une interruption de grossesse des suites d'une imprudence. Sur proposition du député socialiste René Dosière, un conducteur condamné à un travail d'intérêt général devra de préférence l'effectuer dans un établissement hospitalier accueillant des blessés de la route. Richard Dell'Agnola, député du Val-de-Marne, a fait adopter un amendement qui prévoit que les jeunes qui feront une conduite accompagnée verront leur période probatoire réduite à deux ans. Le projet de loi instaure un permis probatoire de trois ans, durant lequel les jeunes conducteurs n'auront que six points sur douze. Le projet de loi doit être soumis mercredi prochain aux votes des députés avant d'être présenté devant le Sénat.