Le fisc va plomber le GPL
Gare aux acheteurs de voitures fonctionnant au GPL : à partir de janvier, la plupart d'entre elles seront exclues du mécanisme d'incitation fiscale. Seuls les véhicules émettant moins de 140 grammes de CO2 par km continueront à en bénéficier - soit 4% des voitures GPL en circulation.
Créé le 23 décembre 2005
Mis à jour le 23 décembre 2005 à 20h06
Le Parlement vient de réduire le champ d'application du crédit d'impôt pour les voitures qui roulent au GPL (gaz pétrole liquide), au grand dam des professionnels, selon lesquels les ventes de ces véhicules étaient depuis deux ans en train de redémarrer. En cantonnant l'avantage fiscal aux véhicules émettant au maximum 140 grammes de dioxyde de carbone par kilomètre, le Parlement a restreint à quatre types de véhicules seulement le nombre de bénéficiaires de cette aide alors que 66 modèles étaient éligibles en 2004.
"Nous sommes déçus", a déclaré vendredi Joël Pedessac, directeur général du Comité français du butane et du propane (CFBP), qui met en avant le GPL comme un carburant "intéressant" en période d'énergie chère. D'autant que l'amendement adopté dans le cadre de la loi de Finances rectificative 2005 n'était pas prévu au programme. "Tout s'est écroulé en deux semaines", a souligné Joël Pedessac.
Les raisons de la barre des 140 grammes
Initialement, le gouvernement ne comptait pas réduire l'avantage fiscal pour les voitures qui roulent au GPL, mis en place en 2001. Il a fait passer le crédit d'impôt de 1.525 à 2.000 euros pour l'ensemble des voitures dites "propres". Mais au cours de la discussion parlementaire, a été ajoutée la barre des 140 grammes, dans un premier temps pour les voitures hybrides (essence/électricité), indique-t-on au ministère de l'Industrie. "On n'avait pas particulièrement envie de soutenir les 4X4 hybrides, qui sont certes moins émetteurs qu'un 4X4 tout court mais qui sont tout de même des 4X4", a-t-on indiqué de même source. Puis les parlementaires, via un amendement du sénateur UMP Philippe Marini, ont sans doute voulu mettre "une équité entre les différentes filières", "une égalité de traitement entre les différentes technologies". Ils ont donc voté ce seuil de 140 grammes pour "tout le monde", y compris le GPL, selon cette source.
En France, 180.000 véhicules roulent au GPL. Ils peuvent se fournir dans 2.000 stations services. Selon le CFBP, 6.700 voitures GPL ont été vendues en 2004 et 4.300 voitures essence ont été transformées. "Les ventes ont augmenté de 40% cette année et de 26% l'année dernière", explique Joël Pedessac. Pour autant, ce marché reste microscopique, selon un récent rapport parlementaire. Il évoque un chiffre inférieur, avec des ventes tournant autour de 2.000 voitures GPL par an, et souligne "un déclin" depuis l'an 2000. Chez Renault, un des constructeurs les plus impliqués dans cette filière, on précise que la Kangoo, la Mégane et le modèle Scenic au GPL seront désormais exclus du bénéfice de l'aide fiscale. En revanche, la Twingo et la Clio Campus, qui sont les plus vendues de la gamme au GPL de Renault, pourront continuer à bénéficier de ce crédit d'impôt. "Cette mesure ne va pas aller dans le sens du GPL alors que nous comptions relancer la Scénic GPL en 2006", a déclaré un porte-parole du constructeur français, qui vend un peu plus de 1.000 véhicules GPL par an.