Vu ce jour dans le journal économique La Tribune
Le tarif des voitures appelé à grimper à cause des matières premières
Après avoir fait preuve de modération, pour cause de concurrence acharnée entre constructeurs, les tarifs catalogue des automobiles pourraient connaître une certaine inflation. Car les fabricants n'ont plus de marge de manoeuvre pour absorber les hausses des matières premières, selon le patron de Renault-Nissan.
Les constructeurs automobiles ont sans doute atteint les limites dans leurs capacités à absorber la hausse des matières premières et devront probablement les répercuter sur leurs clients, à travers des hausses de prix. C'est du moins l'analyse défendue par Carlos Ghosn, le double patron de Renault et de Nissan. « Les matières premières (acier, aluminium, plastiques, etc. NDLR) grimpent depuis 2005, mais désormais, le phénomène s'accélère et les prix atteignent des sommets. Il y a une limite à l'absorption par les constructeurs, le prix des voitures devrait donc monter », prédit-il. Un raisonnement qui ne vaut pas qu'en Europe occidentale, mais aussi dans le reste du monde.
De discrètes augmentations
Jusqu'à présent, la course aux parts de marché que se livrent les groupes automobiles les avaient plutôt menés à une guerre des prix et une course au rabais, mais cela ne marche que si les groupes disposent d'une marge de manoeuvre ad hoc en termes de rentabilité et de trésorerie. La manière la plus directe pour les constructeurs de retrouver un certain « pricing power » (une grande latitude pour fixer leurs tarifs clients en s'adaptant à leurs coûts de production) réside dans la consolidation au sein du secteur, mais on n'en prend guère vraiment le chemin en ce moment.
Généralement, les groupes automobiles saisissent l'occasion des sorties de leurs nouveaux modèles pour remonter insidieusement leurs tarifs, sans le claironner sur les toits.
Symbole emblématique de ces interrogations, la berline Logan « low cost » vendue dans certains pays sous la marque Dacia et dans d'autres sous celle de Renault. Son prix, certes beaucoup plus bas que la concurrence (à partir de 7.600 euros en France), pourrait fort bien remonter lui aussi dans les mois à venir.
Les augmentations de salaires, consenties le mois dernier aux ouvriers roumains pour sortir d'une longue grève, importantes en pourcentage mais beaucoup moins en valeur absolue, ne sont guère le facteur principal. « Sur Logan, mon souci n'est pas vraiment la hausse des rémunérations mais plutôt la poussée des matières premières, résume Carlos Ghosn. En définitive, le prix catalogue résulte certes pour partie d'un positionnement commercial, mais reflète surtout les coûts de production ». Même après le récent conflit social à l'usine de Pitesti, le rapport des salaires entre la Roumanie et la France reste de un à dix, indique-t-il.
Plus généralement, poursuit-il, voilà bien longtemps que le monde n'avait pas connu une poussée inflationniste comme aujourd'hui et il n'y a aucune raison pour que le secteur automobile échappe à ses diverses conséquences.
DENIS FAINSILBER
Le tarif des voitures appelé à grimper à cause des matières premières
Après avoir fait preuve de modération, pour cause de concurrence acharnée entre constructeurs, les tarifs catalogue des automobiles pourraient connaître une certaine inflation. Car les fabricants n'ont plus de marge de manoeuvre pour absorber les hausses des matières premières, selon le patron de Renault-Nissan.
Les constructeurs automobiles ont sans doute atteint les limites dans leurs capacités à absorber la hausse des matières premières et devront probablement les répercuter sur leurs clients, à travers des hausses de prix. C'est du moins l'analyse défendue par Carlos Ghosn, le double patron de Renault et de Nissan. « Les matières premières (acier, aluminium, plastiques, etc. NDLR) grimpent depuis 2005, mais désormais, le phénomène s'accélère et les prix atteignent des sommets. Il y a une limite à l'absorption par les constructeurs, le prix des voitures devrait donc monter », prédit-il. Un raisonnement qui ne vaut pas qu'en Europe occidentale, mais aussi dans le reste du monde.
De discrètes augmentations
Jusqu'à présent, la course aux parts de marché que se livrent les groupes automobiles les avaient plutôt menés à une guerre des prix et une course au rabais, mais cela ne marche que si les groupes disposent d'une marge de manoeuvre ad hoc en termes de rentabilité et de trésorerie. La manière la plus directe pour les constructeurs de retrouver un certain « pricing power » (une grande latitude pour fixer leurs tarifs clients en s'adaptant à leurs coûts de production) réside dans la consolidation au sein du secteur, mais on n'en prend guère vraiment le chemin en ce moment.
Généralement, les groupes automobiles saisissent l'occasion des sorties de leurs nouveaux modèles pour remonter insidieusement leurs tarifs, sans le claironner sur les toits.
Symbole emblématique de ces interrogations, la berline Logan « low cost » vendue dans certains pays sous la marque Dacia et dans d'autres sous celle de Renault. Son prix, certes beaucoup plus bas que la concurrence (à partir de 7.600 euros en France), pourrait fort bien remonter lui aussi dans les mois à venir.
Les augmentations de salaires, consenties le mois dernier aux ouvriers roumains pour sortir d'une longue grève, importantes en pourcentage mais beaucoup moins en valeur absolue, ne sont guère le facteur principal. « Sur Logan, mon souci n'est pas vraiment la hausse des rémunérations mais plutôt la poussée des matières premières, résume Carlos Ghosn. En définitive, le prix catalogue résulte certes pour partie d'un positionnement commercial, mais reflète surtout les coûts de production ». Même après le récent conflit social à l'usine de Pitesti, le rapport des salaires entre la Roumanie et la France reste de un à dix, indique-t-il.
Plus généralement, poursuit-il, voilà bien longtemps que le monde n'avait pas connu une poussée inflationniste comme aujourd'hui et il n'y a aucune raison pour que le secteur automobile échappe à ses diverses conséquences.
DENIS FAINSILBER