Vainqueur, dimanche 18 mai, du Grand Prix de France dans la catégorie des 125 cm3, Mike Di Meglio a comblé un vide sidéral : aucun pilote français n'avait gagné sur une piste nationale depuis 1982, aucun ne l'avait fait au Mans depuis 1979. Quelques heures après le succès du Toulousain, Valentino Rossi, vainqueur en MotoGP, affichait lui à son compteur le chiffre de 90 victoires en grand prix.
La disproportion entre le palmarès des pilotes français et celui des Italiens et Espagnols a de quoi donner le tournis. Les premiers font figure de parents pauvres à côté de leurs voisins : seuls vingt d'entre eux ont remporté une victoire en grand prix. Statistiquement, leurs chances de succès n'ont jamais été très élevées, puisque les Français sont peu nombreux à concourir dans ces disciplines. Cette saison, ils ne sont que six, deux en Moto GP, la catégorie reine, et quatre en 125 cm3, alors que, dans cette dernière catégorie, figurent neuf Espagnols et six Italiens.
"Le nombre de pilotes français est proportionnel à l'intérêt que suscite la moto de vitesse dans notre pays auprès du public, des médias et des sponsors, pondère Jacques Bolle, vice-président de la Fédération française de motocyclisme (FFM). Mais nous subissons aussi les contraintes de la loi française qui interdit de piloter une moto de 125 cm3 avant l'âge de 14 ans, alors que cette limite est de 12 ans partout ailleurs en Europe."
Pour tenter d'augmenter le nombre et la qualité de ses pilotes, la FFM a mis en place depuis quelques années une filière dont le budget total cette saison s'élève à 1,2 million d'euros. Cela commence par la détection de jeunes talents avec l'Academy FFM, créée il y a quatre ans, qui s'adresse à des amateurs de 7 à 14 ans. "Chaque année, nous proposons huit stages de deux jours à une vingtaine d'enfants", explique Nicolas Dussauge, responsable de cette académie. Le coût pour intégrer cette structure est de 3 000 euros.
A partir de 14 ans, les jeunes pilotes sont dirigés vers le Challenge de l'avenir, dans le cadre duquel deux stages d'une semaine leur sont proposés, et concourent en championnat de France. L'étape suivante est l'équipe de France Espoirs, qui n'est composée que de deux membres qui participent à des courses internationales. Le haut de cette pyramide est le Team FFM en 125 cm3, inscrit en championnat du monde, dont fait partie cette saison Louis Rossi. Ce Manceau de 18 ans, qui n'a commencé la moto qu'à l'âge de 15 ans, a pris dimanche la 19e place du Grand Prix de France.
"Notre but n'est pas de faire des pilotes que nous choisissons des champions du monde mais de les aguerrir, de les aider à intégrer des écuries privées", précise Jacques Bolle. C'est pourtant à peu près l'inverse qui s'est produit avec Mike Di Meglio, membre du Team FFM en 2006. Ce pilote, qui a commencé la moto à trois ans et demi, avait déjà gagné le Grand Prix de Turquie, en 2005, avant d'intégrer la structure fédérale au sein de laquelle il n'a pas obtenu les résultats escomptés.
"Je n'ai pas pu repartir pour une saison avec la fédé parce qu'ils n'étaient pas très satisfaits de moi, reconnaît-il. Je ne peux pas les critiquer parce j'étais aussi responsable. Mais cette année, la fédé m'aide à payer mes pneus." Faute de sponsors, beaucoup de pilotes professionnels, en 125 cm3 et 250 cm3, doivent en effet mettre la main à la poche pour pouvoir courir.
Mike Di Meglio a dû investir cette année 80 000 euros pour entrer dans l'écurie Ajo Motosport, mais, grâce à sa victoire au Mans et à sa position de leader actuel du championnat du monde 125 cm3, courir devrait lui revenir moins cher la saison prochaine.
Membres de petites écuries privées, Nelson Major, 15 ans, et Quentin Jacquet, 17 ans, participaient samedi à la Red Bull Rookies Cup, une compétition de 125 cm3 réservée à de jeunes pilotes prometteurs, qui se déroule avant chaque Grand Prix en Europe. Ils ont terminé respectivement 3e et 13e de cette course et espèrent être repérés au plus tôt par des teams fortunés. "Une saison en championnat de France, soit sept courses, nous revient à 25 000 euros", explique le père de Quentin.