Pas anodines, les particules
L. D.
Mis en ligne le 09/01/2009
Plus elles sont petites, plus les particules fines s'avèrent nocives pour la santé. Une exposition prolongée est toutefois plus dangereuse qu'une exposition à un pic. Les problèmes sont d'ordre respiratoire mais également cardiovasculaire.
De la phase de préalerte de pic de pollution aux particules fines annoncée mercredi soir en Wallonie, voilà donc que les conditions météorologiques nous font basculer, ce vendredi, en phase d'alerte smog. Avec toutes les mesures que cela implique.
La Cellule interrégionale de l'environnement (Celine) prévoit en effet, pour les journées de vendredi et samedi, une dégradation de la qualité de l'air sur l'ensemble du pays. "Elle se caractérisera par une augmentation des concentrations en oxydes d'azote (NO et NO2), monoxyde de carbone (CO), benzène et particules (PM2.5 et PM10), des polluants qui peuvent occasionner des problèmes pour la santé", précise Celine. Qu'est-ce à dire ?
Que sont les particules fines ?
Petites particules de carbone résultant de différents phénomènes de combustion, qu'il s'agisse des moteurs de voiture, des industries mais aussi de la fumée de cigarette, les particules fines, nocives par nature, peuvent en outre servir de vecteurs à différentes substances toxiques comme des métaux lourds. Alors qu'en Belgique, on mesure principalement les concentrations en PM 10, "il serait plus indiqué de mesurer les PM 2,5 (dont le diamètre est inférieur à 2,5 microns) ou, mieux encore, les particules ultrafines dont le diamètre est inférieur à 0,1 micron", selon un spécialiste en toxicologie pulmonaire, "car plus ces particules sont petites, plus elles se révèlent dangereuses pour la santé, leur pouvoir de pénétration dans les poumons et dans le sang étant supérieur".
Quels effets sur la santé ?
En fonction de l'exposition des concentrations dans l'air ambiant, de la durée d'exposition, de la sensibilité des personnes exposées et de leurs activités, les symptômes suivants peuvent être observés : diminution des fonctions respiratoires, augmentation des maladies respiratoires (bronchites,...) ainsi que de la fréquence et de la gravité des symptômes chez les asthmatiques ou souffrant de problèmes respiratoires chroniques. Un lien a aussi été établi entre l'exposition à un pic de pollution atmosphérique et un risque accru de déclenchement d'infarctus. L'exposition à long terme à des concentrations moyennes est plus nocive que l'exposition à un pic. D'après l'Organisation mondiale de la santé, une hausse à long terme de 10 µ/m3 des concentrations de PM 2,5 provoque un accroissement de 6 pc des risques de mortalité, de 12 pc des risques de problèmes cardiovasculaires et de 14 pc des risques de cancer du poumon.
Combien de victimes ?
Récemment, une étude du réseau environnemental Medisch Milieukundig Netwerk a mis en évidence une augmentation de 5 pc des décès prématurés dus aux particules fines. D'après cette étude, menée par des chercheurs de l'Unité de toxicologie pulmonaire de la KUL, de l'Institut bruxellois pour l'environnement, de Celine et de l'Institut scientifique de santé publique, pour les villes de Bruxelles, Anvers et Liège, on estime à 1 242 le nombre de personnes qui décèdent prématurément chaque année en raison d'une longue exposition à de fortes concentrations de particules fines (plus de 20 microgrammes par mètre cube).
En Europe, on estime qu'environ 350 000 décès prématurés peuvent être imputés à la pollution par des particules fines (les PM 2,5), qui réduiraient l'espérance de vie dans l'Union européenne de 8,6 mois. Elle atteindrait 13,6 mois en Belgique."