Ecall : les assisteurs anticipent un coût de traitement de 3 à 4 centimes par véhicule
Les assisteurs, auxquels l'Etat français a choisi de déléguer la gestion des appels 112 en provenance des véhicules accidentés, estiment que cette activité devrait générer un coût de seulement 3 à 4 centimes par véhicule grâce aux économies réalisées par les assureurs.
A compter du 31 mars 2018, tous les véhicules utilitaires et particuliers d'un nouveau type devront être équipés en Europe d'un système d'appel d'urgence eCall. Ainsi en cas d'accident, lors du déclenchement d'un équipement de sécurité (airbag, prétensionneur de ceinture de sécurité, etc.), le véhicule enverra un message vers le 112 eCall pour appeler les secours. C'est pourquoi le puzzle législatif que constitue la directive européenne eCall impose également aux Etats membres de mettre en place une infrastructure capable de recevoir et traiter tous les appels eCall. Et cela à partir du mois d'octobre 2017. Cela signifie que les Etats membres doivent faire en sorte que les appels au numéro d'urgence 112 (voix ou data) soient réceptionnés par des centres de traitement d'alerte publics, les PSAP (Public Service Answering Points), qui sont généralement les pompiers ou le Samu. Néanmoins, dans les deux tiers des cas d'un déclenchement d'airbags (source : IMA), il n'y a pas d'accident corporel mais seulement un besoin d'assistance pour le véhicule. Aussi face à l'ampleur des volumes d'appels potentiels et au besoin de filtrage, la directive permet aux Etats membres de déléguer la réception et le traitement des appels à des plateformes privées en assurant la gratuité aux automobilistes. C'est l'option choisie par la France et il s’agit d’un modèle unique en Europe. L'Etat a en effet décidé de déléguer ce service public aux plateformes d'assistance avec le soutien de leurs maisons-mères, les assureurs. En cas d'incident, les conducteurs faisant appel au 112 seront donc assistés par ces plateformes. Au 1er octobre, deux plateformes d'assistance seront ainsi opérationnelles. D'autres, une fois leur certification eCall obtenue, seront mises en place au fur et à mesure de la montée en charge.
Un bon calcul économique pour les assureurs
Les assisteurs et les assureurs ont obtenu cette délégation de service public mais l'Etat ne leur versera rien. C'était la contrepartie. Car cela reste un excellent calcul économique pour les assureurs. Selon la fédération représentant les sociétés d'assistance, la SNSA, la gestion de l'eCall devrait coûter "au démarrage entre 3 et 4 centimes par véhicule". Et ce coût modique baissera ensuite avec la croissance des volumes. "Cela va permettre en fait aux assureurs de réduire leurs coûts de sinistre tout en conservant la relation avec leurs clients", résume Nicolas Gusdorf, président de la SNSA. En effet, en réceptionnant les appels, les assisteurs vont d'une part pouvoir utiliser leurs réseaux de remorquage (sauf sur l'autoroute où cela reste réservé aux remorqueurs agréés). Or, "puisque cette activité n'est pas réglementée et que les tarifs sont libres, les assureurs vont pouvoir réduire leurs coûts sur ce poste en utilisant nos remorqueurs", indique Antoine Trarieux, directeur des services connectés automobiles du groupe IMA. D'autre part, "tout en garantissant le libre choix du consommateur", les assureurs devraient toutefois davantage faire travailler leurs réseaux de réparation. Les économies réalisées permettront donc de compenser les coûts engendrés par le fonctionnement des plateformes eCall.
En 2016, les sociétés d'assistance membres de la SNSA (qui réalisent 96% de l'activité en France), ont traité 6,12 millions de dossiers automobiles (+6% par rapport à 2015). L'automobile, qui représente 61,8% de l'activité de la profession, a ainsi représenté un chiffre d'affaires de 1,75 milliard d'euros (+7,6%).