Le journal publie les résultats d'une étude réalisée par M. Jean-Marc Bailet, capitaine de gendarmerie, co-directeur du Centre régional de sécurité routière de Metz et docteur en psychologie spécialisé dans la conduite automobile.
Il apparait dans cette étude, qui a nécessité six années de travail et 1 200 heures d'entretien auprès de dizaines d'automobilistes, que « de toute évidence, le comportement féminin au volant est plus prudent, plus responsable et plus respectueux des autres usagers ». A l'inverse, les hommes ont tendance à surestimer leurs capacités au volant et à relativiser leurs fautes de conduite, notamment celles liées aux excès de vitesse.
D'après l'analyse de M. Bailet, ce sont les cadres qui sont les conducteurs les plus dangereux sur la route car « ils mènent leur véhicule comme ils mènent leurs affaires. Vite, en faisant prendre des risques à eux-mêmes comme aux autres ». A l'inverse, les ouvriers et les employés font attention de ne pas commettre d'erreurs, par peur de l'accident, mais aussi des sanctions financières. Par ailleurs, les automobilistes qui prennent le volant après avoir bu de l'alcool sont convaincus que leur consommation élevée n'est pas incompatible avec la conduite automobile, et les amateurs de vitesse n'ont pas le sentiment de prendre des risques ou d'être une gêne pour les autres usagers.
La principale conclusion de l'étude est que, c'est l'infraction au Code de la route, réprimandée par les forces de l'ordre, qui déclenche la prise de conscience d'un comportement infractionniste et non pas, comme on le pensait jusqu'à présent, la confrontation avec l'accident. A cet égard, les automobilistes emprisonnés pour avoir commis un grave délit routier refusent d'être considérés comme des criminels et transfèrent souvent une part de leur responsabilité sur leur victime.
Le capitaine Bailet estime que c'est à partir de 42 ans qu'un conducteur atteint l'âge de la sagesse au volant. « Jusqu'à cet âge, on construit son expérience en se confrontant seul à la route. Il est temps d'aider les conducteurs à mieux conduire pendant tout leur vie », a-t-il déclaré à M. Rémi Heitz, délégué interministériel à la Sécurité routière, qui l'a reçu pour discuter de la refonte du permis de conduire et de la mise en place d'une formation continue des automobilistes au-delà du seul examen du permis.
