L'accord définitif entre CITROEN et SAIPA a été signé le 6 octobre dernier. Il prévoit :
- la création d'une JV à 50/50 entre les deux partenaires,
- un volume d'investissements de 300 millions d'euros en CAPEX et R&D au cours des 5 prochaines années,
- une production de 150.000 véhicules à horizon 2021 et une capacité industrielle de 230.000 unités.
Le démarrage de la production devrait intervenir en 2018 et trois modèles de la marque seront produits dans l'usine de Kashan (située à 250 km de Téhéran).
CITROEN devra également se doter d'un réseau commercial qui devrait représenter 150 points de vente.
Avec la JV PEUGEOT/IRAN KHODRO, PSA pourrait donc être en mesure de produire et commercialiser environ 400.000 véhicules d'ici 2021 en IRAN.
Cela étant, le groupe PSA va être confronté à plusieurs difficultés :
1/ Un déficit de notoriété pour la marque CITROEN, au contraire de PEUGEOT qui apparait comme le constructeur "historique"du pays, avec une part de marché de 30%...La 2ème marque du groupe devra donc s'imposer dans un marché dont les cartes vont être redistribuées entre plusieurs constructeurs internationaux.
Mais le potentiel de progression du marché est réel, grâce à une classe moyenne importante avec un niveau d'éducation élevé ; à terme, certains analystes visent un objectif de 2 millions d'unités annuelles.
2/ Actuellement, le prix des voitures est faible, en raison d'une offre en véhicules de conception ancienne et amortie. PSA entend proposer des véhicules modernes mais à prix maitrisés (il est évoqué une amplitude de prix des modèles entre 10.000 et 20.000 E), ce qui va impliquer des coûts de production peu élevés.
PSA fait le pari que les iraniens privilégieront des voitures dotées des dernières technologies, une stratégie assez différente de celle de RENAULT qui semble axer sa gamme autour des modèles KWid, Duster, Logan, etc...
3/ Les autorités locales imposent également deux contraintes importantes :
- un taux d'intégration local élevé, condition pour éviter la perception d'importants droits de douane. Cela suppose que le pays dispose de moyens industriels au meilleur niveau, notamment des fournisseurs de qualité, ce qui n'est pas le cas dans tous les domaines. Plus généralement, les usines sont vétustes et la qualité n'a jamais été une priorité.
En revanche, les coûts salariaux sont bas (entre 4 et 8 Euros de l'heure pour un opérateur), les amplitudes de salaires limitées et la main d'oeuvre bien formée.
PSA vise un taux d'intégration de 40% dès le lancement de la production au S2 2017 pour PEUGEOT, mais au-delà l'affaire sera plus compliquée. A ce jour, les équipementiers français FAURECIA, VALEO et PLASTIC OMNIUM n'ont pas pris la décision de s'implanter en Iran, mais la présence des 2 groupes français pourrait favoriser des investissements à ce niveau.
- un taux d'exportation de la production locale de 30%, notamment en direction des pays voisins dont la Russie qui entretient de bonne relations avec l'Iran. Actuellement, la position de PSA est de conditionner cet objectif à une élévation de la qualité de la production des véhicules, ce qui suppose une véritable révolution industrielle...
PSA aura donc beaucoup de défis à relever.
Mais l'IRAN est un axe stratégique majeur pour le groupe dans son internationalisation : la région AFRIQUE/MOYEN ORIENT doit devenir à terme le 3ème pilier du groupe, derrière l'EUROPE et la CHINE.
2016 aura été l'année du retour en IRAN, après une année 2015 marquée par la décision d'implantation au MAROC.