Bon, allez... Mode Doc on/
Et désolé pour le pavé
.... C'est parti !
1. La grippe ou plutôt LES grippes.
Ce sont des virus vernaux (qui aiment le froid), caractérisés par des antigènes de surface, permettant de les identifier. Parmi ces antigènes, on retrouve les Neuraminidases (N) et les Hémagglutinines (H). Ainsi, un virus typé H3N2 sera caractérisé par des Hémagglutinines de type 3 (H3) et des Neuraminidases de type 2 (N2).
Le virus grippal est un virus qui peut muter très facilement. On observe, depuis que l’on a des études à peu près sérieuses sur la grippe soit depuis le début du XIXe siècle, que les mutations suivent un cycle sur 1, 5, 10 et 50 ans.
Grosso modo :
- Une mutation légère tous les ans ;
- Une mutation un peu plus importante tous les 5 ans : l’épidémie saisonnière est un peu plus importante
- Une mutation majeure tous les 10 ans avec un vaccin peut-être un peu moins efficace et une épidémie sérieuse
- L’apparition d’un nouveau virus tous les 50 ans avec une pandémie mondiale.
A titre indicatif, les 2 dernières grandes pandémies étaient :
- 1918-1920 : la grippe Espagnole. Elle a fait plus de morts que la 1ère guerre mondiale. Son importance a été aggravée par les suites de la guerre (faiblesse, malnutrition, grandes concentrations de personnes : soldats dans les casernes, bateaux pour le retour, etc…)
- 1956-1958 : la grippe Asiatique (4 millions de morts).
Si on se projette, 1960 + 50 ans = 2010… On est pile-poil dans un créneau d’apparition d’un nouveau virus avec un pandémie mondiale potentielle, favorisée par la facilité des échanges au niveau mondial (ce qui était inexistant en 1920 et peu impactant en 1960).
On comprend mieux la peur (justifiée) des autorités sanitaires françaises mais aussi internationales (OMS) devant l’apparition de nouveaux virus ORL qui pourraient potentiellement être LA nouvelle souche de grippe (le SRAS, la Grippe Aviaire H5N1 et plus récemment le H1N1).
2. Qui tombe malade, qui meurt, pourquoi…
La grippe touche principalement les personnes affaiblies : personnes âgées, jeunes enfants, femmes enceintes, personnes souffrant de pathologies chroniques lourdes (atteintes respiratoires évidemment, mais cancers, diabète, dysfonctions immunitaires, etc…). La contagion est importante par aérosol (toux, gouttelettes de salive, éternuements).
La VRAIE grippe, quand on la fait, on s’en souvient : 3 à 4 jours au lit avec 40° de fièvre, des courbatures phénoménales, impossibilité de bouger, troubles digestifs… Et 3 semaines pour s’en remettre. C’est pourquoi les gros malins qui me disent « moi, la grippe, je l’ai tous les ans, ça ne m’empêche pas d’aller bosser alors je ne me vaccine pas » sont des mythomanes. Ils ont pu faire un syndrome (pseudo)grippal, une virose respiratoire quelconque mais pas la grippe.
De plus, hormis la grippe, les complications respiratoires (pneumopathies bactériennes, pneumonie, etc…) touchent plus facilement les gens grippés dont le système immunitaire est bien affaibli par la lutte contre la grippe. Actuellement, les décès sont majoritairement imputables à ces complications qu’à la grippe elle-même.
Cependant, les derniers épisodes (H1N1) ont montré que la grippe mutait et que les gens jeunes mouraient aussi. Pendant l’épisode H1N1, il y a d’ailleurs eu plus de décès dus au virus directement chez des jeunes que chez des anciens. Le fait que les anciens aient été vaccinés les années précédentes et qu’une immunité dite « croisée » persiste et les ait plus protégé que les non vacciné est certainement une des causes possibles.
3) la polémique H1N1…
Avant tout, il fait savoir comment sont fabriqués les vaccins d’une année sur l’autre. Au printemps, l’OMS décide des souches (eh oui, il y en a plusieurs) à incorporer dans le vaccin qui sera mis à disposition du public en septembre. Il faut ensuite 3 mois de culture cellulaire pour obtenir le nombre de vaccins voulus, chacun devant contenir suffisamment d’unités antigéniques pour être protecteur.
Quand le H1N1 est arrivé, on avait déjà lancé la fabrication des vaccins grippaux classiques. Donc de 2 choses l’une :
- Soit on arrêtait la fabrication des vaccins classiques pour ne faire que du H1N1 au risque de ne pas avoir assez de vaccins classiques pour la saison
- Soit on terminait la fabrication pour lancer ensuite celle des H1N1. C’est ce qui a été choisi.
Seulement, matériellement, il n’y avait pas le temps de faire suffisamment de doses. Il a fallu réduire le nombre d’unités antigéniques par dose. Mais le vaccin aurait été moins efficace. On a donc « boosté » l’efficacité du vaccin grâce à ce fameux « adjuvant » (du squalène ici).
Le squalène est déjà utilisé dans la fabrication de vaccins (donc connu), notamment d’un vaccin grippal « suractivé » : le GRIPGUARD®. A noter que ce vaccin est réservé aux personnes fragilisées, mais que tout le monde se battait avant cette histoire pour en avoir. Les mêmes qui ont dénigré le vaccin de 2010. Merci la presse et ses incompétences habituelles.
A noter que depuis 2010, la souche H1N1 type « California 2009 » est incorporée de manière classique à TOUS les vaccins antigrippaux.
4) Pourquoi se vacciner ?
Pour se protéger déjà, mais aussi pour protéger les autres (éviter de ramener une m… à la maison, surtout quand on a des enfants en bas âge ou des proches fragilisés).
Pourquoi une campagne de vaccination de masse avec le H1N1 en 2009 ?
Je vous rappelle qu’on craignait (et que l’on craint toujours) l’arrivée d’une nouvelle souche de grippe contre laquelle on ne serait pas préparés. Or, les études économiques ont montré que 20 à 25 % de la population malade entraîne une paralysie totale du pays avec en corollaire un situation de « guerre » (pénuries, pillages…). En effet, si le routier est malade, il ne peut pas livrer le magasin ou la station, qui n’aura pas de carburant, etc… Et sans compter les gens non-malades qui resteront à la maison pour garder un enfant malade, ou parce que l'école sera fermée... ou tout simplement par peur de la contagion. Bref, un scénario catastrophe digne des meilleures séries B.
De plus, en cas d’apparition d’un nouveau virus, il est à peu près certain qu’une vaccination antérieure protégera partiellement (immunité croisée).
5) Alors, se vacciner ou pas ?
Je ne peux pas prendre de décision à votre place, mais perso, je suis vacciné tous les ans (bon, risque de contagion +++ car je suis en contact quotidien avec des malades : mes patients). Mon épouse aussi, pour les mêmes raisons.
Pendant l’épisode H1N1, nous nous sommes vaccinés. Nous avons vacciné les enfants également.
Simplement, en cas d'apparition (redoutée) d'une nouvelle souche, la propagation à l'échelle mondiale sera beaucoup plus rapide qu'il y a 50 ou 100 ans :
- En 1918, un grippé "asymptomatique" montait dans une bateau à Hong-Kong et arrivait malade en Europe. On pouvait mettre le bateau en quarantaine.
- En 20xx, un grippé "asymptomatique" monte dans l'avion à Hong-Kong et arrive toujours asymptomatique à Paris, Londres, Rio, Sydney, Washington ou Moscou et a contaminé silencieusement X passagers qui contamineront à leur tour. Bref, ça flambera très vite.
Donc autant se vacciner chaque année pour avoir une protection contre la grippe "du millésime" mais aussi partiellement contre une merdouille nouvelle.
Quand à ce fameux syndrome de Guillain-Barré (maladie neurodégénérative) dont exhibent le spectre les lobbys anti-vaccin, il faut savoir que le risque est dû non pas au vaccin, mais au virus. Il y a donc beaucoup plus de risque de faire un Guillain-Barré si on fait la grippe que si on se vaccine...
Voili-voilà... Mode Doc off/
G2
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de tout 
(je suis comme Omar Sharif, les vaccins c'est mon dada 
