Les marques chinoises, et plus largement asiatiques (Coréennes et Vietnamienne entre-autres), gagnent en légitimité en prouvant le sérieux de leur production via le gain systématique de 5 étoiles aux crash-tests Euroncap : c'est une partie très claire de leur stratégie pour s'implanter en Europe.
C'est un atout énorme pour changer la perception qu'on a de leurs modèles.
Tu touches là un point central.
En matière automobile, l'Europe bénéficiait jusqu'alors d'une double barrière de protection vis à vis des constructeurs chinois :
* la première barrière est technologique. Les constructeurs européens maitrisent la conception et la production de tout type de motorisations thermiques (du 3 cylindres au V12), en essence comme en diesel, avec ou sans hybridation, avec des progrès continus aussi bien en agrément qu'en consommation. Les constructeurs chinois auraient été contraints d'investir plusieurs centaines de milliards d'euros pour se mettre au niveau de nos constructeurs, s'ils avaient l'ambition de s'implanter sur notre continent. Avec la fin des moteurs thermiques en 2035, ce sont au contraire nos constructeurs qui doivent investir des centaines de milliards d'euros pour adapter leurs outils de production, leurs personnels, leurs sources d'approvisionnement, pour créer des usines de batteries et pour concevoir de nouvelles familles de moteurs électriques. Nous ne disposons d'aucune expérience, d'aucun savoir-faire et d'aucun avantage par rapport aux acteurs chinois. Au contraire, ces derniers sont clairement en position de force. Quelques chiffres : 1 voiture électrique sur 2 vendue dans le monde est d'origine chinoise ; CATL et BYD, les deux majors chinois de la batterie, contrôlent 40% du marché mondial et leur capacité d'investissement en R&D et en CAPEX est très supérieure aux sommes avancées par l'Europe pour son "Airbus des batteries". Clairement, on part déjà dans cette course avec plusieurs boulets aux pieds.
* Deuxième barrière : la sécurité des véhicules. C'est un aspect peu connu, mais le respect de normes de sécurité toujours plus contraignantes est plus compliqué avec un véhicule thermique qu'avec un véhicule électrique. A catégorie comparable, la taille d'un moteur électrique est plus réduite que son équivalent thermique, de sorte que la conception du véhicule électrique est plus flexible et permet plus facilement de respecter les normes de sécurité, notamment les crash-test.
On en voit la traduction avec les premiers modèles chinois 100% électriques qui passent tous les test Euro NCAP avec de très bons scores. Les transferts de technologies à l'oeuvre depuis 25 ans en Chine leur permettent aujourd'hui de proposer des produits parfaitement aboutis et tout à fait en phase avec les besoins du marché européen.
La MG4, pour revenir à cette voiture, est un des véhicules chinois au meilleur standard du marché.
Comme je l'ai dit par ailleurs, C Tavares et son staff ont pris conscience du renversement de situation : le départ de Chine est surtout défensif, car la bataille risque désormais de se porter sur l'Europe.
Comme tu le dis, dans ce contexte, la stratégie des marques du groupe doit être rapidement adaptée.
Pour Peugeot qui se proclame "Access prémium", il faudrait à minima que tous les véhicules de la gamme soient conçus et disposent des équipements de sécurité leur permettant de décrocher systématiquement les 5 étoiles.