Source l'Alsace :
À Mulhouse, chez Peugeot, l’histoire bégaie. Onze ans après, revoici la 206. Griffée +, elle pourrait bien être une révolution.
D’elle, on ne pourrait retenir que ce point : elle sera moins chère que celle qu’elle remplace. Un exploit : d’ordinaire chaque modèle succédant à un autre est plus coûteux, surtout s’il est effectivement plus abouti. L’exploit, néanmoins, est relatif : la 206 + n’est pas franchement un nouveau modèle mais une réinterprétation "mezzo voce" de la 206 originelle, née il y a tout juste onze ans (lire ci-contre).
Refonte lourde à bon compte
Jacques Perdriel, le directeur du projet T3, apprécie d’ailleurs très moyennement cette fine allusion à un outil de production amorti : « La 206 + succède à un modèle fabriqué il y a peu de temps encore. La proposer 900 euros moins cher en prix d’attaque, à prestations équivalentes, est dans ces conditions une performance. D’autant qu’il s’agit d’une refonte lourde du véhicule et pas d’un timide restylage ». Refonte au demeurant assurée pour l’essentiel… au Brésil puisque l’auto est commercialisée là-bas depuis l’an dernier (badgée… 207) et qu’elle fut conçue il y a trois ans pour le marché local, jugée mieux adaptée que la 207. De quoi donner des envies au réseau français, qui voyait d’un mauvais œil le non remplacement de la 206, gardant le souvenir de l’erreur de Jacques Calvet qui choisit en son temps de ne pas remplacer la 205 et de miser sur un duo 106/306. Erreur corrigée en 1994, lorsque le patron donna son feu vert au projet T1, alias la 206 de 1998…
« La situation du marché a conduit à se poser la question de la pertinence de cette version Mercosur en Europe. Quatre éléments, au moins, plaidaient pour elle : le capital sympathie de la 206, le niveau tout à fait remarquable de ses dernières ventes, les qualités, esthétiques et techniques, toujours actuelles de cette voiture et, il faut bien le dire, le trou existant entre une 107 et une 207 ».
De fait, Jacques Perdriel hérite du projet T3 en octobre 2007. Objectif, adapter la 207 brésilienne aux besoins du marché européen. En clair, la positionner en tant que modèle d’entrée de gamme, ce qui passe par le choix de petites motorisations et d’un équipement minimal. 18 mois durant, — « un vrai challenge ! » — le directeur du projet et son équipe vont plancher sur le sujet avec une obsession : faire de cette 206 bis un objet crédible dans son segment, suffisamment nouveau pour que le chaland n’ait pas l’impression d’acheter… une occasion. Singeant celles de la 207, la calandre et la planche de bord redonnent un incontestable coup de jeune à la 206 tandis que la 206 + hérite d’un tout nouveau moteur, le 1.1 essence de 60 ch pour assurer une entrée de gamme à bon prix. « Il n’a jamais été question de faire une voiture low cost. Car la 206 n’a jamais été conçue sous cet angle. Pour autant, je l’ai dit, gagner 900 euros sur l’entrée de gamme est une très belle performance notamment parce que concevoir une nouvelle planche de bord a exigé un très gros investissement ». Baisse de la diversité de l’offre, redéfinition des achats, optimisation du process, tout a été soigneusement raboté.
Alors, la 206 +, voiture de crise ? Jacques Perdriel n’est pas du tout d’accord. Argument ? Quand l’auto a été conçue, il y a trois ans, pour le Mercosur, la crise n’était pas arrivée. Vrai. Mais lorsque Peugeot décide de la proposer aux Européens, la crise est déjà là. « Alors, parlons plutôt d’une voiture opportuniste ! » Qui, sait-on jamais, pourrait bientôt être déclinée en version break, laquelle circule déjà au Brésil. Bernard Jacquelin, le directeur du site, ne dit rien…