Pour le déploiement de l’hydrogène, le Groupe PSA pense aux utilitaires
Vous le savez probablement en suivant l’actualité automobile en général, les objectifs de réduction des émissions de CO2 pour les constructeurs fixés par l’Europe sont très ambitieux. Dans un contexte de remontée des taux, avec la norme WLTP qui se veut plus réaliste que NEDC, et le recul du diesel, qui abaissait sensiblement la moyenne, l’enjeu est très important. Pour respecter l’objectif de 95g d’ici à 2021, et éviter les amendes pouvant mettre les constructeurs dans de graves difficultés financières, les marques avancent leurs pions sur toutes les solutions qui permettraient d’atteindre ce seuil fatidique.
Si les lumières sont projetées sur les technologies 100% électrique et hybride rechargeable, avec chez Peugeot la nouvelle Peugeot e-208, et les Peugeot 3008 et 508 HYbrid, les opportunités sont larges. Bio-carburant, GNV, air comprimé… Les opportunités ne manquent pas. Et le Groupe PSA semble plutôt se porter sur la technologie de l’hydrogène. En plus de l’annonce de Faurecia sur son accord avec Michelin pour créer le futur leader mondial de l’hydrogène, Anne-Lise Richard, directrice de la stratégie de Peugeot sur les véhicules à faibles émissions, a également fait quelques annonces. Dans le cadre du lancement en première mondiale de la Peugeot e-208 au Salon de Genève, nos amis de L’Automobile Propre lui ont demandé quelques précisions sur la stratégie du groupe et de la marque sur l’hydrogène. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la réponse peut sembler étonnante au premier abord. Pour autant, il ne faudra pas attendre très longtemps pour être fixés.
L’hydrogène sera déployé en premier sur les véhicules utilitaire dans le Groupe PSA
Cela peut sembler étonnant à première vue, mais ce sont bien les véhicules utilitaires du Groupe PSA (Peugeot Partner, Expert et Boxer chez Peugeot) qui devraient recevoir en premier les résultats des (longues) recherches du Groupe PSA sur l’hydrogène. Un retour qui peut aussi s’expliquer par le rachat d’Opel, qui a mené pour le compte de General Motors d’intenses recherches. En basant les recherches à Rüsselheim, le Groupe PSA peut gagner beaucoup de temps sur le déploiement d’une offre, en promettant des premières annonces dans les prochains mois, d’après Anne-Lise Richard. Une décision qui est pourtant logique avec deux explications possibles.
Le premier obstacle est bien sûr le coût de la technologie, qui doit être répercutée dans les véhicules. Aujourd’hui, la Toyota Mirai, la voiture à hydrogène la plus connue, demande un chèque d’environ 80000€, et les stations délivrant de l’hydrogène en France se comptent sur les doigts d’une main. L’idée du Groupe PSA de se focaliser sur les professionnels, et par extensions les flottes des grands groupes, se tient, puisqu’elle permettrait de mutualiser les coûts de déploiement avec les entreprises et fiabiliser puis pérenniser la technologie hydrogène sur du long terme. Actuellement, les coûts de déploiement sont plus facilement supportables pour des grandes entreprises que pour des particuliers. A cela s’ajoute le prix du kilogramme d’hydrogène, de l’ordre de 12€ le kg en France. Quand on sait qu’il faut plus de 5kg d’hydrogène pour faire le plein d’une Toyota Mirai ou d’une Hyundai Nexo, le coût du plein est loin d’être intéressant par rapport à de l’essence.
Aussi, en ciblant d’abord les professionnels et les véhicules utilitaires, le Groupe PSA permettrait de proposer des véhicules à haute valeur ajoutée adaptés à certains usages intensifs. Faire le plein d’hydrogène est aussi rapide qu’un plein d’essence, et ce carburant offre un bien meilleur rendement que l’essence en usage type arrêts fréquents. Ajouté à cela une autonomie qui peut facilement être identique à des véhicules 100% thermiques (un Hyundai Nexo propose presque 600km d’autonomie), les problèmes d’autonomie n’existent plus et des entreprises comme La Poste pourraient facilement y trouver leur compte. Pratique pour récupérer des marchés occupés par le Renault Kangoo ZE. Et la grande autonomie permettrait de proposer facilement des véhicules Zéro Emission polyvalents pour les sociétés de transport et de logistique.
Une stratégie qui n’est pas sans rappeler celle du Groupe PSA sur les véhicules électriques, puisque dans les années 1990, les Peugeot 106 Electric et autres Citroën AX et Saxo se trouvaient dans les collectivités ou des entreprises comme EDF, avant le déploiement massif chez les particuliers que l’on connaît.
Un déploiement sur les véhicules particuliers pas exclu, mais pas à l’ordre du jour
Alors bien entendu, la technologie de pile à combustible rechargée par hydrogène pourrait également convenir à beaucoup de particuliers. L’autonomie et le temps de recharge du véhicule électrique freine les envies d’achat, le thermique est voué à disparaître, et l’hybride apparaît en conséquent comme une solution transitoire.
Avec ses avantages très significatifs, et une utilisation finalement proche d’un véhicule thermique, l’hydrogène a de sérieux arguments de vente pour les utilisateurs particuliers. Cependant, en étant invendable en masse compte-tenu du faible réseau de distribution d’hydrogène, cette technologie ne peut pas décoller. D’où l’idée de le déployer en premier sur des canaux professionnels. Aussi, la filière de production d’hydrogène est pour l’instant très gourmande en énergie, et surtout, produit à partir de comburants fossiles. Autant dire que le bilan carbone n’est pas encore parfait. Des initiatives sont en cours pour décarboner la production d’hydrogène, mais les résultats devront encore attendre quelques années et en attendant, il sera difficile à vendre aux particuliers, alors qu’on sait produire de l’électricité dite verte, qui a un impact commercial plus fort.
Pour autant, le potentiel est très important et c’est une technologie qui pourrait facilement s’imposer. Il faut maintenant attendre les annonces du Groupe PSA sur ses ambitions sur le marché B2B, pas avant la fin de l’année 2019 voire 2020.
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