Christophe BERGERAND, DG de la zone EURASIE, a donné plusieurs informations importantes au quotidien économique russe Vedomosti sur la stratégie du groupe PSA sur cette zone.
1/ PSA croit au redémarrage du marché russe, avec un retour d'ici 3/4 ans à un marché compris entre 2.5 et 3 millions de véhicules. Les objectifs en volumes annuels du groupe vont rester mesurés, avec 50/60.000 véhicules pour les deux marques du groupe, contre 10/12.000 actuellement...
2/ Les positions commerciales de PSA se sont considérablement affaiblies sur le marché russe avec toute une série de conséquences : le recul des volumes a mis à mal l'équilibre de l'usine de Kaluga (dimensionnée pour 125.000 véhicules/an dont 85.000 pour PSA, le surplus pour Mitsubishi) ainsi que le réseau commercial. Pour autant, la groupe est décidé à reprendre ses investissements en Russie, et le site de Kaluga va rester un pôle de production clef dans cette zone, même si le groupe dispose également d'usines d'assemblage en Biélorussie et au Kazakhstan.
Le rachat de Mitsubishi par Nissan et ses conséquences industrielles n'est pas évoqué par C BERGERAND...
3/ Au sortir de la crise économique russe, PSA aura beaucoup changé : moins de voitures produites et vendues, mais une recherche d'efficacité et une meilleure intégration dans le réseau économique russe, avec un sourcing beaucoup plus important qu'auparavant : l'intégration locale devrait en effet représenter 60% pour les prochains véhicules et atteindre 75% d'ici 2021. Il faut noter que les autorités russes ont mis en place un régime de subventions aux investissements pour les entreprises qui entendent augmenter leur sourcing local et qui vont générer une "valeur ajoutée russe" à leurs produits. Pour l'automobile, la production de moteurs sur le territoire russe est un critère important pour les autorités bien que non exclusif. On surveillera si dans les prochaines années, PSA entend également installer une usine de moteurs en Russie...
4/ Au niveau des produits, PSA va affecter à Kaluga 4 à 5 nouveaux modèles, qui devront atteindre chacun 10/15.000 unités par an, avec des exigences de rentabilité très fortes. Ces futurs modèles ont été choisis, et ils seront assemblés sur la nouvelle plateforme EMP2, affectée aux véhicules les plus imposants des segments C et D du groupe, notamment les berlines, SUV et LCV.
Comme cela a été indiqué sur ce topic, ce sont les LCV PEUGEOT Traveller/Expert et CITROEN Spacetourer/Jumpy qui seront les premiers modèles de la nouvelle génération à être produits sur Kaluga. PSA estime que le marché des VUL est appelé à croître dans de fortes proportions dans les années à venir, avec un doublement de leur part d'ici 2/3 ans, soit 8 à 9% du marché ; cela suppose néanmoins le développement d'un tissu de PME dans les provinces russes, et une amélioration durable de la situation économique...
Au niveau des VP, PSA va continuer à produire pour l'instant les 408 I et C4L, qui n'ont pas rencontré un grand succès en raison d'un positionnement prix trop élevé. Pour retrouver le chemin de la croissance, le groupe devra lancer un ou plusieurs SUV sur le marché russe (pour mieux coller aux tendances de celui-ci), certainement le 3008 II voire le 5008 II chez PEUGEOT. Mais les nouveautés en VP seront présentées après le lancement des LCV en versions navette et VUL.
Visiblement, PSA entend se concentrer sur des véhicules renouvelés et "haut de gamme" en Russie : on a une nouvelle illustration de la stratégie de recherche des marges plutôt que des volumes sur cette zone. Un pari qui peut être payant si la situation économique russe s'améliore mais qui peut aussi être irréalisable si le marasme actuel se poursuivait encore plusieurs années.
Source : Vedomosti