Interview de Franck Montagny sur F1-action.net :
http://www.f1-action.net/infos/article10850.htmlInterview avec Franck Montagny
Franck Montagny a pris la deuxième place des 12 Heures de Sebring avec Sébastien Bourdais et Stéphane Sarrazin. Il répond aux questions de F1-action.net et évoque sa course, ses objectifs pour les 24 Heures du Mans et la possibilité de le voir en IndyCar.
Quel bilan faites-vous des 12 Heures de Sebring ?
C’est positif, pour moi en tous cas. On arrive avec une voiture vieille de trois ans, c’est la première fois qu’on roule tous les trois et avec cette équipe et ces ingénieurs. Moi, c’est la première fois que je travaille avec cet ingénieur, pour Sébastien Bourdais je ne sais pas.
Ce n’est pas trop mal. On a une auto vieille de trois ans, on constate qu’au bout de 12 heures on est à 22 secondes malgré quelques petits problèmes, un tête-à-queue, une crevaison et des petits trucs donc c’est quand même positif. Je croyais qu’on serait plus en retrait que ça et je trouve qu’on est plutôt bons par rapport à une équipe qui arrive avec une nouvelle voiture et qui a une expérience de dix ans.
La fin de course était comment, avec l’écart à gérer avec l’Audi d’Allan McNish suite à la crevaison de Sébastien Bourdais ?
Pour la fin de course, quand j’ai pris la voiture on savait qu’on était morts, donc il fallait impérativement changer la tactique. On partait avec un train de pneus tendres. Tout s’est bien passé sur mon premier relais puisque j’ai fait les mêmes temps que Sébastien dans sa fin de relais, au centième près. Par contre, l’équipe a décidé de tirer le pneu jusqu’au deuxième relais, sauf que c’est un pneu tendre et que le pneu ne tient pas.
On ne les avait jamais essayés auparavant. Michelin a amené les gommes 2009 juste sur cette course. On a fait ce pari, mais comme je ne suis pas encore magicien, je n’ai pas réussi à faire ce qu’il fallait ! C’était impossible de faire en sorte que le pneu marche jusqu’à la fin du relais donc quand il [McNish] s’arrête pour son deuxième relais et qu’il met des pneus neufs, il me met au moins une seconde au tour.
Avec une autre stratégie, la victoire était jouable ?
Le problème, c’est la crevaison. Ça a changé toute la stratégie et il a fallu impérativement faire ça, il a fallu récupérer une minute alors qu’on n’avait pas une minute d’avance. Il a fallu jouer de cette manière puisque j’avais enchaîné beaucoup de doubles relais [avec des pneus médiums] et que ça s’était bien passé. Ils ont pensé qu’avec les softs j’arriverais peut-être à le faire mais c’était vraiment impossible à réaliser.
Il y a eu un problème hydraulique sur la N°08 au warm-up puis un souci de climatisation sur la N°7 en course. La fiabilité est-elle un problème chez Peugeot ?
Non. On n’a pas mis la voiture en configuration « 100% », c’est à dire que toutes les pièces n’étaient pas neuves. On a roulé avec des pièces qui avaient déjà des kilomètres parce qu’en 12 heures, elles n’auraient pas été jusqu’au kilométrage qu’on souhaitait. Et comme on l’a dit avant, on était là pour apprendre. Bien sûr, la victoire était intéressante mais on ressort avec beaucoup d’enseignements, on a deux nouveaux problèmes qui sont apparus et qu’on n’aurait pas pu voir si on avait pas roulé de cette manière. Je crois que c’est vraiment très positif.
A propos de la climatisation, c’est vraiment utile dans un prototype ?
Pour moi, c’est une connerie... Mais c’est comme ça. C’est un règlement qui est imposé donc on le respecte à 100%. Je crois qu’il y a une chose qui est bien, mais je ne suis pas sûr que ce soit déjà fait. La climatisation est imposée dans les voitures fermées mais si il fait 35° dehors et qu’on a une voiture ouverte, il fait aussi 35°, donc je crois qu’au début il ne fallait pas dépasser 30° mais le règlement a changé légèrement en disant que s’il fait 35° dehors, dans la voiture il doit faire 35°.
On est un peu plus dans la logique mais pour nous c’est quand même un coup dur. On prévoit une voiture sans la climatisation et elle est imposée. Ça nous a pris un peu de temps, on travaille beaucoup sur ça. C’est la première fois qu’on travaille sur de hautes températures donc on en a profité. Il y a eu un souci vraiment, vraiment stupide et sur la N°8 il n’y a eu aucun problème. Je pense qu’on a la maîtrise de la climatisation, il n’y a pas de problème là dessus.
Au niveau des performances, Audi était à un niveau à peu près similaire. Est-ce que c’est une inquiétude ? Est-il possible de faire encore progresser la Peugeot ?
On va continuer à progresser, il reste trois mois. Ils ne progresseront pas plus que nous. Ils sont vraiment, vraiment à la limite du règlement. Il y a même beaucoup de choses, pour le moment, qui sont hors-règlement, comme les grilles d’air à l’arrière qui sont interdites et ce genre de choses. Donc je ne vois pas de quelle manière ils vont développer. Honnêtement, je pense qu’on a une plus grosse marge de progression qu’eux.
Je pense qu’ils sont vraiment à la limite du règlement, il n’y a plus rien à exploiter. Ils vont pouvoir développer le moteur ou des choses comme ça. Nous, on a un plan de marche qui est bien en place, qu’on a su respecter jusqu’à Sebring et qu’on respecte encore. Et si on regarde où on en est dans nos travaux, je pense qu’on peut développer.
Et au Mans, l’objectif sera donc de gagner...
Ah oui, je vous le confirme à plus de 100 %, l’objectif est de gagner !
Votre programme s’arrête au Mans pour l’instant. Est-ce qu’on pourrait vous voir ailleurs, en ALMS ou en IndyCar ?
Il y a plus de chance qu’on me voit en IndyCar qu’en ALMS mais pour l’instant je suis concentré à 100% sur le Mans. Mon manager travaille beaucoup avec les Etats-Unis en ce moment, il a passé deux mois là bas, donc chacun est dans son rôle. Le mien, c’est de travailler avec mon employeur actuel pour des objectifs qui sont fixés à court terme, le sien c’est de travailler sur le long terme. Il travaille pour le futur, moi je travaille pour ce qui se passe maintenant, et c’est le Mans.
Pour finir, la F1 reprend ce week-end, vous continuez à suivre ça de près ?
Non, pas depuis que je suis parti. Je pense toujours que la F1 est quelque chose d’extraordinaire, je regarderai le Grand Prix à Melbourne mais si je ne suis pas réveillé, je regarderai une autre retransmission, ce n’est pas grave.
Je m’intéresse surtout à ce que je fais. Je m’intéresse au sport automobile, bien sûr, je regarde ce qui se passe, notamment par la toile, mais quand on n’y est plus, on n’y est plus. Je suis parti parce que je m’ennuyais. C’est un championnat fantastique mais il n’y a pas une bagarre de fou à regarder donc ce n’est pas à un super spectacle jusqu’à présent.
C’est sûr que c’est dur de faire aussi bien que le final de Sebring !
Voila ! Nous en douze heures, on finit à 20 secondes, eux ils font une heure et demi et ils sont à un tour, donc ce n’est pas pareil !
Vincent Lalanne-Sicaud