Les hybrides rechargeables ne sont pas si vertueux
Le nombre de modèles hybrides rechargeables mis sur le marché ne cesse d'augmenter depuis quelques années. Mais les pratiques ne sont pas toujours les bonnes, notamment pour les véhicules de fonction.
Plébiscitée par les acheteurs et surtout par les sociétés, la solution hybride rechargeable semble idéale sur le papier. Mais en situation réelle, c'est tout autre chose. La faute à une homologation trop éloignée de la réalité et des mauvaises pratiques qui effacent tout l'intérêt du système...
De plus en plus proposée sur les nouveaux modèles, la technologie
hybride rechargeable apparaît comme une solution idéale pour ceux qui roulent peu en semaine mais veulent un véhicule capable de rouler des centaines de kilomètres sans recharger si besoin. Ainsi, l'argument principal des hybrides "PHEV" est de
l'utiliser en mode 100% électrique en semaine grâce aux recharges à domicile ou au travail, puis de pouvoir s'évader en week-end ou en vacances sans avoir peur de l'autonomie comme sur un véhicule uniquement électrique. Néanmoins, entre la théorie et la pratique, il y a une grosse différence comme le démontre une étude allemande.
Consommation réelle par rapport à la consommation annoncée en cycle NEDC de véhicules hybrides rechargeables particuliers (bleu) ou de société(rouge) en fonction du pays.
Vendus avec des émissions de CO2 et des consommations ridiculement faibles (consommation mixte affichée à 1,4 l/100 km en WLTP et 32 g de CO2 par km pour le récent
Renault Captur E-Tech par exemple),
les hybrides rechargeables consommeraient 2 à 4 fois plus en situation réelle selon l'étude de l'allemand Fraunhofer Institute for Systems and Innovation Research ISI ainsi que de l’ONG ICCT (International Council on Clean Transportation). Ces chiffres seraient encore plus parlants lorsque les véhicules sont "mal utilisés". C'est le cas notamment des véhicules de fonction utilisant cette technologie, de plus en plus nombreux.
Proportion de la distance parcourue en mode électrique face à l'homologation NEDC des véhicules rechargeables individuels (bleu) et de fonction (rouge).
En effet, grâce aux avantages fiscaux comme l'exemption de la TVS (Taxe sur les véhicules de société), le bonus possible ou la carte grise gratuite dans certains départements, les sociétés se tournent vers l'hybride rechargeable pour leur flotte. Néanmoins, les employés utilisant le véhicule ne sont pas tous "formés" à l'utilisation de l'hybride rechargeable, qui
nécessite des recharges régulières pour tirer parti de la technologie électrique lors des petits trajets. Tous n'ont pas non plus de possibilité de recharge à domicile ou au bureau, perdant ainsi tout l'intérêt du système. Le véhicule hybride rechargeable devient ainsi un modèle thermique classique, mais embarquant de lourdes batteries inutilisées. Cela joue donc sur le poids du véhicule, qui "dépense" plus d'énergie pour le mouvoir : le moteur utilise ainsi plus d'essence, ce qui augmente la consommation de carburant et les rejets de CO2.
18% du temps de conduite en mode électrique pour les véhicules de société
L'étude de Fraunhofer se base sur les relevés anonymes transmis par les propriétaires de plus de 104 000 véhicules hybrides rechargeables en Europe, en Amérique du Nord et en Chine sur des portails comme
Spritmonitor.de ou des outils de gestion de flottes pour les entreprises. Elle prouve grâce aux données que les utilisateurs de véhicules de fonction hybrides rechargeables n'utilisent pas le potentiel de ce type de véhicule, censé réduire l'empreinte carbone. C'est d'autant plus le cas pour les véhicules de société, puisqu'en Allemagne, les utilisateurs privés de véhicules PHEV réalisent en moyenne 43% de leurs temps de conduite en mode électrique, contre seulement 18% pour les voitures de société.
Le nombre de charges est aussi plus réduit, avec une charge tous les deux jours environ pour les sociétés contre trois jours sur quatre pour les utilisateurs privés en Allemagne, précise l'étude.
Alors que faire ? Obliger à charger son véhicule PHEV plus souvent ? Les auteurs de l'étude avancent dans leur rapport quelques recommandations : augmenter l'autonomie qui est actuellement autour des 50 km en moyenne, relier les
primes à l'achat et bonus à l'utilisation réelle du mode électrique,
développer le réseau de charge et lever les interdictions d'installation de bornes dans certaines copropriétés, donner plus de puissance aux moteurs électriques qu'au moteur thermique pour inciter à les utiliser plus souvent ou encore réduire le budget carburant dans les flottes d'entreprise pour inciter à la recharge…
Source :
https://www.largus.fr/actualite-aut...geables-ne-sont-pas-si-vertueux-10430391.html